De
g. à dr. : Rwagosore, son petit frère Charles le futur roi Ntare V et leur
père le Roi Mwambutsa IV en compagnie du dernier représentant de la Belgique
coloniale, Jean Paul Harroy
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Le 18
septembre 1961, au soir de sa victoire électorale, le prince Louis Rwagasore,
Héros de notre indépendance a surpris ses adversaires politiques, y compris les
parrains de ces derniers en déclarant que cette victoire-là était aussi celle
de tout le monde, y compris les rivaux du camp ennemi. Il est allé jusqu’à
mettre en garde tout « excité » de l’entourage Uprona qui, par
arrogance, gâcherait le fruit civique de l’heureux tremblement de terre
politique qui venait de se dérouler.
Le fils aîné
de Mwambutsa a même fait des fleurs à la Tutelle, remerciant Bruxelles pour des
gestes positifs posés en accomplissant
la mission que l’ONU avait assignée aux Belges.
Les témoins
savent en particulier qu’il s’est aussi adressé à une autre occasion, aux
opérateurs économiques ex-coloniaux en les assurant qu’ils avaient de la place
dans la reconstruction du pays. Il a terminé son discours du 18 septembre en
déclarant : Vous nous jugerez à nos
actes et votre satisfaction sera notre fierté.
L’attitude de
Rwagasore, du début à la fin, était celle d’un Prince. Je veux dire en
kirundi : « Yari Umuganwa koko »…
Car, quand on
parle de quelqu’un de cette manière, dans la culture burundaise ancienne, cela
signifie que l’homme avait une générosité sans exclusive, un rang au dessus de
tout soupçons, de toutes les partisanneries.
Il parlait
pour tout le peuple et avait décidé de mettre de côté toutes les rancœurs d’une
campagne électorale électrique.
Quand, il y a
donc exactement 52 ans, en début de soirée, sur la terrasse de cet Hôtel qui
porte toujours l’acronyme de Tanganyika,
ce bel héritage s’est effondré suite à un assassinat commis par un tueur à gages grec, lui-même soudoyé par une
main jusqu’à ce jour non encore pointée du doigt, qui a profité des rivalités
sanglantes qu’il y avait entre nos Batare et nos Bezi, c’est une page de notre
histoire qui s’ouvrait et qui se fermait en même temps.
Je veux
d’ailleurs dire que certains parmi nos Historiens doivent se sentir dans leurs
petits souliers. Certains en effet ne savent pas aujourd’hui expliquer avec des
mains propres le face à face que nous exprimons quand nous affichons notre
désir de vérité ; quand concrètement nous voulons comprendre comment le
Burundi a frôlé une catastrophe générale si le Roi Mwambutsa
(toujours-lui ![1]) n’était
pas intervenu magistralement pour dire à peu près ceci : « la meilleure consolation que je
demande à mon peuple durant ces heures sombres, c’est de garder la dignité, le
calme et d’éviter toute vengeance. »
Je ne comprenais rien du tout
Ecolier de 2ème
année primaire, je n'avais que 7 ans. Je n’avais rien compris lorsque le Front
commun déversait sur nos campagnes les flyers financés par la Bruxelles
coloniale.
Je ne
comprenais rien du tout, à part le fait que j'observais comme tous les enfants
KIGANDIENS[2] de mon
âge, natifs de ce qui fut le terroir fondateur de l'Uprona, qu'on était en face
d'un homme fort peu ordinaire. Je ne croyais même pas qu'il était mortel comme
vous et moi, ainsi que je le confie à mon jeune collègue de la TV Héritage de
Bujumbura (Ecouter ici : (http://www.youtube.com/watch?v=XvmwWqFqbDk).
C'est plus de
50 ans plus tard que je réalise la profondeur historique (inégalable) du message
que le héros de notre indépendance a prononcé. L'urgence de revenir à ses
paroles comme le suggère le Pr. Ntibashirakandi :
[1]
Sa dépouille exhumée illégalement le 15 mai 2012 est toujours bloquée, à
Genève, sous scellé de la Police dans les sous-sols un immeuble funéraire en
attendant – dans une indignité inexplicable - la fin de ce procès qui a défrayé
la chronique à la veille du cinquantenaire de l’année dernière.
[2]
Du nom Kiganda, nom de l’une des trois capitales dynastiques du Burundi
monarchique. C’est ici que s’est conclu le traité dit « Traité de
Kiganda », qui fut un acte germano-burundais de paix intervenu le 6 juin
1903, mettant fin, au prix d’un sacrifice humain – la mort volontaire du héros
Bihome - à la guerre que le roi Mwezi Gisabo avait décidé de livrer à
l’Allemagne impériale et coloniale de la Deutsche-Ost-Africa.
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