Le CIRID, organisation africaine et internationale
spécialisée dans la création d’espaces de dialogue pour la paix et la
réconciliation, tient à rappeler, ce jour, que le dossier relatif au sort des
restes du Roi Mwambutsa IV du
Burundi. Décédé il y a plus de 36 ans à Meyrin
(Genève) et enterré au cimetière de Feuillasse (commune de Meyrin) avant d’être
exhumé illégalement le 15 mai 2012, en violation d’un testament dûment notarié
et que le défunt monarque avait laissé, Mwambutsa repose toujours depuis plus
de 500 jours dans les sous-sols de l’entreprise funéraire Murith SA sous scelle suite à un jugement du 10 juillet, rendant
justice à la Princesse Esther Kamatari
qui a porté plainte devant les juridictions le 24 mai, au lendemain de
l’exhumation contestée.
Le Tribunal cantonal de grande instance et le procureur
général, M. Olivier Jornot, se sont donc saisi de l’affaire. Selon nos
informations, les parties en présence ont été récemment saisies pour qu’ils se
prononcent sur la suite à donner à l’affaire. Après le jugement du 10 juillet,
le gouvernement du Burundi a en effet mandaté officiellement l’Etude genevoise
de Me Alain Marti pour que celle-ci
représente les intérêts de Bujumbura dans ce dossier, de même que ceux de la
partie défenderesse mise en cause par la démarche de la Princesse Kamatari.
Il se dégage des réponses données par les parties à ce
conflit judiciaire qu’il y a un souhait de voir l'affaire soit jugée
rapidement, chaque partie argumentant, évidemment, selon sa manière.
A notre manière, et dans notre idéal de
rappeler que la Genève
internationale peut
offrir son espace pour un dialogue sur une telle problématique, nous organisons
le Festival BeatForPeace qui s'ouvre ce jeudi soir à Vernier à l’ABARC. Le festival
continue demain, vendredi, 1er novembre, au Palais des Nations avant une CEREMONIE OFFICIELLE à 17:00 à
Webster University en présence du Conseiller d'Etat Pierre Maudet. Le ministre
genevois s’exprimera sur le thème du festival en préambule à une
intervention, - via Skype depuis Mogadiscio - du Président de la Somalie (ce
pays étant un invité d'honneur de notre Festival aux côtés du Canton
d’Argovie). Progr. complet sur www.cirid.ch.
Le CIRID, co-organisateur de ce
festival, a tenu à inviter la Princesse du Burundi, Esther Kamatari, active
dans le dossier Mwambutsa qui sera présente ici pour ses contacts et aussi pour
animer un workshop sur le dialogue pour la paix prévu dans le cadre du festival
BeatForPeace.
Pour
toute information : Tél. +41 79 534 3711 (Gebnève), Bujumbura Tél +257 834 090
– info@cirid.ch
La
position du CIRID dans cette affaire
Ainsi
que nous le souligner, sur les ondes de la Radio
Isanganiro (écouter sur ce lien : http://www.isanganiro.org/spip.php?article5436),
le tout montre encore une fois de plus que nous sommes en face d’une affaire
très complexe dans laquelle les aspects judiciaires vont de pair vont avec les
retombées d’ordre politique, ayant trait à la situation délicate dans laquelle
se débat le Burundi.
Le
pays est en effet confronté à la difficile mise en place d’une commission
Vérité Réconciliation vainement attendue depuis plus de 12 ans et que tous les
gouvernements successifs ont préféré ignorer, malgré l’insistance de l’opinion
publique, y compris celle de la communauté internationale.
Les
intérêts de la Suisse, où tout se joue sont aussi en jeu, si l’on regarde le
rôle pivot que Berne porte sur la réconciliation au Burundi depuis l’éclatement
de la crise de 1993 et sa part dans la gestion de ce conflit ne fait l’ombre
d’aucun doute à divers égards.
Il
faut savoir, ainsi que la commune de Meyrin, est au cœur d'une plainte engagée
contre elle pour avoir collaboré à l’exhumation illégale du 15 mai.
La
diplomatie suisse, saisie de cette affaire par les protagonistes des deux camps
est donc assez gênée, car cette affaire pourrait avoir des
interférences dans la stratégie de consolidation de la paix au Burundi où Berne
joue un rôle considérable.
La
Suisse, en effet, occupe, depuis New York 2007, à la demande du Conseil de
sécurité ONU, un rôle à la tête de ce que l'on appelle la « Configuration
Burundi » à la Commission de consolidation de la paix. Elle parraine à ce
titre le programme pluriannuel de reconstruction politique, économique et
social adopté lors d’une conférence des donateurs à Genève, où le dossier
Mwambutsa a été évoqué en coulisse, le 30 octobre 2012 par le ministre
burundais des Affaires étrangères en présence de l’ambassadeur de Suisse à New,
M. Paul Seger.
Retombées
d’ordre géopolitique sur l’Afrique des Grands Lacs
Autour de ce dossier - comme sur bien d'autres en ce moment
précis - se joue en réalité les rivalités ethno-corporatistes qui entretiennent
le phénomène de l'impunité, menaçant par effet de contagion les efforts de la
communauté internationale en Afrique des Grands Lacs.
Tout ceci expose cette région à de nouvelles
instabilités alors même que la guerre n’a pas cessé dans le Nord Kivu congolais
et que la méfiance entre Kigali et Kampala devient un autre sujet de grande
préoccupation à travers l’East African Community dont fait partie le Burundi. (Lire la
suite dans l’encadré ci-contre)
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