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« Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire », a dit un sage.


vendredi 7 février 2014

Le "Roi" Busokoza sera-t-il sacré héros ?

Je prie d’abord toute personne qui se sentira bouleversé, vexé, par mon souci de transparence de pardonner ma témérité et de comprendre mon devoir d’informer sans retenue. Je le fais, non point pour jeter de l’huile sur le feu, ni même pour régler des comptes à de probables adversaires. Mais pour aider ! Pour aider à trouver des solutions justes au vrai problème politique qui se pose sur l’échiquier burundais depuis le dernier week-end. Je n’entends pas laisser déraper le cours que devrait prendre le chemin vers la Vérité (vérité avec grand V). Car l’heure est grave. Très grave. Voici pourquoi.

Bien sûr la lettre député Niyoyankana, qui refuse les offres convenues avec le ministre de l’Intérieur constitue le rebondissement majeur de ce vendredi, 7 février.
S’il est vrai, en plus, que le Parlement devait voter ce même vendredi pour élire un nouveau numéro deux de l’Exécutif burundais, en remplacement du colonel Busokoza, ce rebondissement donne des ailes au camp opposé à celui du Président de la République. Celui-ci, logiquement, devrait en tirer toutes les conséquences.

Ils jubilent, c’est leur droit…

Il est compréhensible, à cet égard, que les Upronistes jubilent, c’est normal. Car ces militants ont le droit de voir leur organisation retrouver la sérénité. Je souhaiterais que cela arrive pour les autres partis déchirés depuis des lunes pour les mêmes raisons et la gouvernance politique dans notre pays ne fera qu’y gagner.

Il y a, cependant, un gros souci et ce souci n’est pas de la responsabilité de tous les Upronistes, mais seulement d’une poignée de dinosaures de la vieille garde. J’emboite le pas, pour ce faire, à Francis Ngaruko et je reprend ce que j’écrivais mardi 4 février dernier (lire ici : http://deo-hakizimana.blogspot.fr/2014/02/la-crise-luprona-au-dela-des.html). Il s’agit de rappeler le conflit intergénérationnel qui divise les pro- et les anti-changement dans toutes les familles ethno-corporatistes en place.

… Mais, décence citoyenne oblige

A l’Uprona, en l’occurrence, la décence devrait interdire à certains caciques de citer le nom de Rwagasore, un héros mort pour la patrie, tant que nous les comptons (ces caciques-là) parmi ceux qui ont massacré le pays à différentes époques… Il y a aussi les complices qui s’ignorent ou les victimes devenues à leur tour des bourreaux qui ont choisi de pactiser avec le diable qui, finalement, vient les embarrasser au moindre pépin.

Je raconte dans mon témoignage (Burundi le non dit [1], que vous pouvez déjà commander) que notre pays « ressemble à une immense prison dans laquelle, finalement, les élites, toutes tendances confondues, s’auto-piègent contre l’avenir de nos enfants » à la veille des importantes et décisives échéances électorales de 2015. [2]Mais je ne savais pas que l’actualité allait me donner raison si vite, de manière si forte et si massive.

Pour tout dire : le limogeage de Busokoza, un homme que des voies sourdes avaient vu comme un masque envoyé au sommet de nos institutions pour aider à torpiller les dossiers des graves crimes d’Etat impunis – notamment celui relatif à l’assassinat du Président Ndadaye - a été accueilli avec un soulagement également compréhensible. (Lire détails dans un article à venir).

Autant il faut comprendre ces Badasigana qui exultent de joie pour la renaissance de leur appareil, autant il est juste de tolérer les jeunes proches du parti présidentiel qui se félicitent de la décision qui éloigne un officier soupçonné d’avoir conspiré contre la vie d’un Chef d’Etat démocratiquement élu.
Ne vous voilez d’ailleurs pas la face : beaucoup d’autres Barundi dans plusieurs endroits ont poussé un ouf de soulagement. N’étant ni procureurs ni encore moins des juges (je ne le suis pas non plus, mais je peux au moins l’écrire) dans un pays où l’appareil judiciaire fonctionne comme on sait depuis les années Micombero, ces Barundi demandent : que voulez-vous que les gens fassent d’autre, puisque la saga semble devoir continuer, jusqu’à l’imprévisible ?

C’est donc à notre classe politique dans tous les camps en présence d’en prendre acte et d’en tirer les leçons. Pour ce qui me concerne, je me contente de poser ma question : dans ces conditions, le « Roi  Busokoza », sera-t-il sacré héros ?

BIRACAZA (A SUIVRE)




[1] Deo Hakizimana, Burundi le non dit. Temoignage. Edit. Remesha, Geneve, Janvier-fevrier 2014. 286 pages. Pour commander : CP 479 – 1214 Vernier / Genève / Suisse – email : remesha@cirid.ch
[2] Ibidem, p. 22.

1 commentaire:

  1. Excellente analyse de l'actualité politique du Burundi. J'adore votre style. Il est harmonieusement construit et reflète les trois valeurs positives d'une bonne action politique, à savoir: le Vrai, le Beau et le Juste. Nul ne peut prétendre au titre de héros national s'il est accusé d'avoir le sang des innocents dans ses mains avant qu'une décision de justice ne l'acquitte. Etant soupçonné d’avoir conspiré contre la vie d’un Chef d’Etat démocratiquement élu, et n'ayant pas encore été jugé et acquitté pour ce crime grave et imprescriptible,par un tribunal compétent en la matière, le "Roi Busokoza" ne remplit pas encore les conditions d'éligibilité au prestigieux titre de héros national.

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